Mon travail consiste à livrer de belles photos d’intérieurs, des lieux qui font rêver de vacances parfaites… Heureusement pour moi, j’y parviens généralement, mais laissez-moi vous parler des « coulisses ».

La plupart des immeubles que j’ai l’occasion de photographier sont des projets de construction en cours, qu’il s’agisse de nouvelles constructions ou de rénovations. Mes clients doivent en faire la publicité sur leur site web ou dans leurs brochures, mais ils ne signent généralement leur contrat de location avec les propriétaires qu’au début de la saison de location.

L’achèvement de la construction ou de la rénovation est toujours en retard, c’est un fait ! Je jongle donc sans cesse entre un client et un autre qui ont tous le même problème, sachant très bien qu’ils ne peuvent pas me donner de date précise.
Mais ce qui rend mon travail plus difficile, c’est la suite de l’histoire…
Je ne m’occupe pas de « la mise scéne » du chalet, c’est au client de présenter son produit telle qu’il a l’intention de le louer. Bien sûr, je l’aide en lui donnant des idées et des suggestions et en déplaçant des objets pour que la composition soit agréable pour mon appareil photo, mais c’est tout.
Mais comme ils n’ont que l’usage du chalet pour prendre les photos (voir les contrats de location ci-dessus), le bien ne peut pas être préparé et laisséepour que je le photographie.
On me donne donc une chambre à la fois pendant que le client dépouille frénétiquement le lit et commence à déplacer le linge de lit, les lampes, les livres, les fleurs, les coussins. Si tu manques ton cliché, tu es perdu ! Et si vous voulez chercher cette belle photo artistique floue, il faut faire vite !

C’est généralement la pagaille, les gens déplacent les meubles, les artisans marchent au milieu de mes photos, les bébés crient (parfois, la crèche est fermée et les clients doivent prendre leurs bébés avec eux). Des personnes déneigeant devant la baie vitrée que j’essaie d’inclure dans ma photo ! Nooon, j’avais besoin du blanc immaculé de la neige ! Les architectes qui se promènent en se disputant avec un artisan ou un autre, j’ai eu tous les scénarios. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les rideaux sont fermés ? Qu’est-ce qu’il y a derrière ? La réponse est toujours la même : un chantier! Aucune quantité de Photoshop ne pourra jamais l’enlever. La meilleure est celle où un client m’a demandé de photoshoper l’eau de la piscine… Mais la piscine n’était même pas terminée, elle ressemblait au cratère d’une bombe. Et puis il y a le poele, ou la cheminée, peu importe si à l’extérieur il fait 40 degrés, le feu doit être allumé. A cause de cela, une fois j’ai travaillé par 37 dégrées, je transpire encore aujourd’hui rien que d’y penser

J’aimerais que quelqu’un prenne des photos de moi pendant que je travaille, je suis un contorsionniste, je suis connue pour être impitoyable dans la poursuite de la composition parfaite. Je me retrouve souvent à l’intérieur des armoires, sur les toilettes, dans la baignoire, sur le plan de travail de la cuisine, sur une table apprêté ou j’essaye d’ éviter les verres et les assiettes, sur le capot d’une voiture, tout cela en équilibre sur mon trépied et en vivant dangereusement… Je me méfie maintenant des douches… Laissez-moi vous dire qu’il suffit d’un petit mouvement du coude pour ouvrir la « cascade » d’eau sur le pauvre photographe à la recherche de la photo originale prise depuis l’intérieur de la douche…

Alors la prochaine fois que vous verrez une de mes photos et que vous penserez qu’elle est paisible… Pensez aux coulisses et rigolez.